Cet article est un extrait du dossier ‘l’étanchéité à l’air à la loupe«
Le test d’étanchéité à l’air est réalisé pendant le chantier, avant la livraison du bâtiment. Il qualifie la performance de l’enveloppe isolante et constitue la garantie pour le maître d’ouvrage de la bonne réalisation du projet, condition de l’obtention des performances calculées par le logiciel, et du bon fonctionnement de l’appareil de chauffage/ventilation.
Le test selon la norme n50
Le standard Maison passive et Minergie Plus exigent un test d’étanchéité, mesurée selon la norme européenne n50 et dont les valeurs sont inférieures à 0.60 volumes/heures. Le test consiste en la mise en dépression du bâtiment à 50 Pa, et l’obturation de toutes les bouches de ventilation, pour déterminer le renouvellement d’air par les fuites d’étanchéité.
Le test selon la norme Q4
La réglementation RT2012 et le standard Effinergie exige un test d’étanchéité mesuré selon la norme française Q4, et dont les valeurs sont inférieures à 0.6 m3/h.m². Le test consiste en la mise en dépression du bâtiment à 50 Pa (ce niveau de différence de pression est nécessaire pour visualiser les fuites), et l’obturation de toutes les bouches de ventilation, pour déterminer le renouvellement d’air par les fuites d’étanchéité. La valeur est ensuite rapportée à la surface de parois froides définie dans la réglementation, et à un coefficient pour ramener le résultat en équivalent 4 Pa (ce qui correspondrait à la différence de pression moyenne sur l’hiver).
Les valeurs nécessaires à l’obtention des labels ne sont pas équivalentes, on considère en moyenne qu’une maison passive à un renouvellement par les fuites d’air trois fois moindre qu’une maison Effinergie.
Le label Minergie Standard n’exige pas la réalisation de test d’étanchéité (même s’il est toutefois recommandé).
Pour plus d’information sur l’étanchéité à l’air :
Dossier : L’étanchéité à l’air des bâtiments
Pourquoi utiliser le coefficient q4 et pas le n50 ?
On pourrait s’attarder sur cette “obstination” française à vouloir raisonner pour les mesures d’étanchéité à l’air sur le coefficient q4 au lieu de faire comme partout ailleurs en Europe et utiliser le coefficient n50, qui est le coefficient brut issu de la mesure d’étanchéité. Le coefficient français nécessite un calcul pour ramener le taux de fuite n50 mesuré sous 50 Pa sur un équivalent 4 Pa, et ensuite le rapporter à la surface de parois froides hors plancher bas au sens de la RT2012 (AtBat*).
Historiquement (RT2000 – RT2005), les calculs thermiques utilisaient le coefficient q4 parce que le volume du bâtiment n’était pas une donnée d’entrée du calcul thermique (les études thermiques consistaient à l’époque essentiellement à un métré des parois du bâtiment, la ventilation renseignée par un débit en m3/h. Ce coefficient était à l’époque considéré par défaut, un q4 de 1.3 m3/h.m² correspondant par exemple à la valeur utilisée pour les maisons individuelles RT2005 (sans que cela signifie qu’il s’agissait de la valeur obtenue sur le projet). Pour obtenir dans le calcul thermique l’impact des fuites, il suffisait de multiplier le coefficient par défaut (1.3) avec le total de surface de parois froides pour obtenir un débit de fuite en m3/h, que le logiciel RT pouvait traiter.
Les mesures d’étanchéité à l’air ont émergé plus tard avec l’obligation de mesure inscrite dans le référentiel Effinergie. On aurait pu imaginer à l’époque que le coefficient cible mesuré soit exprimé en n50 afin d’éviter les biais de la transposition au q4 mais l’association Effinergie faisant le choix de la continuité en utilisant la méthode RT2005, elle fixa un garde fou q4 de 0.6 m3/h.m² (soit mieux que la valeur par défaut de la RT2005, mais assez loin de l’objectif passif). Il faut dire aussi qu’à l’époque ce problème n’était pas forcément bien connu (il n’y avait quasiment pas d’opérateurs). Et en 2013, toujours par souci de transposition de la précédente règle, la réglementation RT2012, impose une mesure d’étanchéité exprimée en q4 pour justifier des fuites d’air du logement (nd : le volume fait désormais partie des données d’entrée des logiciels RT2012).
Le problème principal est que cette valeur cible n’exprime pas parfaitement la qualité de l’étanchéité à l’air d’un logement.
On pourrait se dire que cette discussion est un détail. mais prenons par exemple les exigences entre la maison individuelle (0.6) et le logement collectif (1). A première vue on se dit que la réglementation est plus permissive pour le collectif. En fait non, le garde fou est différent car les rapport entre le volume et la surface de parois corrigée sont différents, et donc le taux de fuites ramené à la surface de parois froide n’a pas la même équivalence. Donc la RT “corrige” ce problème en relevant le garde fou pour le logement collectif. Mais sur le terrain, ce bricolage donne parfois des bizarreries, car les rapports de forme peuvent être très divers.