Comme chaque année, en parallèle du salon européen du bois se déroulait les assises de la construction passive, renommées cette année en « construction performante ». Nous avions fait un long billet prospectif l’année dernière sur le sujet, et la présente édition est l’occasion de faire le point sur les avancées constatées depuis 1 an. Cette année, Alpexpo, Creabois et le Caue 38 organisaient dans la foulée les premières assises de l’énergie grise, dont nous parlerons également dans un billet prochain.
Passif ou performant ?
Cette édition des assises avait de quoi surprendre. Les organisateurs préférant abandonner le terme passif pour le mot performant. Si ce choix peut paraitre à première vue de pure forme, il n’est pas anodin et traduit la volonté des organisateurs de placer le basse consommation sur un pied d’égalité avec la construction passive.
Autre changement, le retrait de La maison passive france de l’organisation.
Devant une assistance très clairsemée, l’introduction de Jean Loup Berthez avait de quoi surprendre, indiquant entre autre raison que le passif n’est pas adapté pour tous les climats français pour justifier ce recul sémantique. Ce qui témoigne peut être d’une maladresse mais est plutôt surprenant, la démarche passive n’imposant pas de moyens variables selon les climats mais simplement des objectifs de résultat en soit universels.
Les assises étaient concentrées sur une seule journée, mais le programme proposé était assez en dessous des années précédentes. La matinée proposant une intervention sur la « vision » de l’ifpeb et de Effinergie… qui s’est traduit par des généralités, notamment les nombres de projets BBC (rien sur la construction passive en revanche, ni sur les projets ni sur les avancées vis à vis des freins à la reconnaissance de la construction passive). Un témoignage d’un OPH sur un programme passif en cours, et la présentation du chantier d’hotel passif dans les Alpes complétait la matinée.
Les très interessantes présentations de l’après midi du bureau d’études Terranergie et Heliasol complétaient la journée, qui s’est terminée par une table ronde avec les participants de la journée.
Que retenir de cette journée ?
La faible participation, notamment des acteurs impliqués dans le passif, combinée au recul de l’organisation sur le standard passif donne une impression bizarre au sortir de cette journée. L’absence de Maison passive france n’est pas forcément le point à retenir : comme de nombreux acteurs du passif, nous ne sommes plus adhérents à cette structure du fait de ses dysfonctionnements. Mais l’impression persistante est que la construction passive piétine du fait des élements bloquants qui ne sont pas traités : reconnaissance de la démarche, traitement des incohérences règlementaires, problématique spécifique des bailleurs sociaux, organisation de la filière et transposition des initiatives régionales. Autant de sujets dont on pourrait attendre en 2011 qu’ils aient avancé…
Effinergie a enfin présenté dans les grandes lignes les futures exigences du label qui remplacera le BBC Effinergie à la mise en place de la RT 2012. On retrouve :
– Utilisation du moteur de calcul RT2012
– Exigence CepBBC passe de 50 à 40 kWhep/m².an
– Aucun décompte du PV dans le calcul
– Exigence Bbio -10%
– Exigence étanchéité à Q4 < 0.4 m3/h.m².
Si cette démarche était prévisible, nous en parlions déja l’année dernière, le problème réside dans l’association de ce référentiel au terme « BEPAS » qui traine dans les cartons depuis le Grenelle, et que cela ait pour conséquence de voir une concurrence se développer entre les démarches passives selon PHPP, et celles utilisant les exigences de la RT 2012. On pourrait en effet être en droit de penser que la démarche passive a fait, de part les nombreuses réalisations sur le territoire, ses preuves, et que celle ci serait pleinement reconnue au moment de la nouvelle donne réglementaire instituée par la mise en place de la RT 2012. On pourrait aussi penser que la démarche consistant à imposer le moteur de calcul règlementaire pour le BBC a montré ses limites, et que l’utilisation d’un logiciel calibré spécifiquement sur cette typologie de bâtiments n’est pas idiote, vu que tout le monde l’utilise en Europe.
Il est impératif que l’élan des projets réalisés se concrétise par une reconnaissance « brute » de la construction passive, sans concession sur les méthodes de calculs et référentiels.
Pourtant, la volonté des régions et de l’association Effinergie de définir des labels passifs pour 2012 n’est pas en soit problématique. Cela va dans le bon sens, ce sont les régions qui de toute façon ont les clefs du développement de la démarche passive. Même si c’est en soit insuffisant de n’instituer que des exigences d’ordre énergétique. Cela dit, pourquoi ne pas utiliser le PHPP et le référentiel du Passiv haus Institut sur le principe ou le calcul réglementaire valide le respect de la réglementation et le Phpp le respect des exigences passives ? Quite à adapter l’outil phpp pour que cela permette en même temps de vérifier si le bâtiment est BEPOS ?
Les travaux du PHI, notamment sur la certification des produits et systèmes constructifs, la validité du référentiel et de l’outil de calcul vérifié par des milliers de réalisations justifie que ce soit la démarche à valoriser à l’avenir, quite à ce que les différentes structures Effinergie/LAMP ou PHI/régions s’associent pour mettre en avant leurs points forts respectifs et faire avancer ce vaste sujet.
Cette volonté constante de réinventer l’eau chaude, qui se concrétise ici par un nouveau référentiel sorti de nulle part, est un vrai problème.
Merci pour ce témoignage. Nous croyons toujours qu’en France on n’a de leçon à recevoir de personne… Quel dommage.
Alain
J’étais perplexe concernant le choix de « concentrer » les ANCP sur une seule journée… et effectivement, légère déception en comparaison aux précédentes éditions, plus riches en interventions (présence d’autres pays européens notamment) et plus denses en débats.
Bonne synthèse du sentiment de « piétinement » au sortir de cette journée
Merci également pour ce témoignage par ailleurs inquiétant sur la passivité des institutions, le manque d’ambition de nombreux acteurs et au final l’absence quasi totale de visibilité sur ce qui fait la richesse de nos projets passifs.
Ta parenthèse sur la Maison Passive France m’inquiète également car la reconnaissance doit se gagner et c’est toujours plus compliqué sans instance représentative.
Encore une fois, ce sont tes réflexions et propositions qui amènent de l’espoir, mais, comme la pétition de Pascal, j’ai de plus en plus l’impression qu’on parle à des étoiles qui ne nous voient pas tellement nous sommes occultés par le soleil « BBC à la française. »
Cédric
Oui, le problème étant que la RT 2012 et ses sirènes peuvent donner l’impression que le moteur de calcul peut se substituer à la nécessité d’utiliser un autre logiciel…
Il sera nécessaire de faire la démonstration de la non adéquation de l’outil pour justifier à nouveau l’usage du Phpp.
A la limite, il suffit juste à Effinergie de résister à la tentation d’appeler le label BEPAS. l’autre terme BBC+ est plus significatif de ce à quoi correspond le label : un vrai basse conso.
L’autre problématique lié à la reconnaissance de la démarche pose surtout question si des aides/subventions sont mises en place.
Concernant l’association, je n’ai malheureusement pas de solution et j’ai donc fini par abandonner. Mais bon, si je tenais à glisser le fait que nous avions pris nos distances, je n’irais pas plus loin. 🙂