Le bbio demandé au permis de construire
La RT2012 propose une remise à plat des dispositions de la RT2005 avec le double objectif de baisser le besoin d’énergie des constructions neuves et les consommations d’énergie primaire.
Le besoin d’énergie Bbio, portant l’indispensable adjectif à toute communication écolo de « bioclimatique » remplace le Ubat et apporte quelques avancées, bien qu’il suscite des interrogations. Le coefficient Ubat utilisé jusque-là portait pour tare majeure de ne considérer que le niveau de déperdition 1, sans corrélation avec les apports utiles, en premier lieu les apports solaires. Ceci n’incitait donc pas les démarches bioclimatiques où une surface vitrée importante dégradait le Ubat ! Le Bbio revient sur cette logique (de ne considérer que les déperditions) et s’apparente à un calcul de la performance de l’enveloppe, auquel on ajoute le besoin de climatisation et le recours à l’éclairage artificiel 2.
Un principe a priori pertinent.
Les thermiciens qui interviennent en simulation dynamique et dans le calcul de bâtiments passifs (méthode PHPP 3) seront néanmoins surpris que le coefficient Bbio ne soit pas seulement un besoin de chaleur et de rafraîchissement. Exprimé en énergie utile (avant prise en compte des appareils), il aurait l’avantage d’être facile à appréhender par le grand public. Alors, pourquoi y additionner les besoins d’éclairage et plusieurs coefficients de calcul, dégradant ainsi sa lisibilité ?
L’un des arguments exprimés par les rédacteurs de la RT2012 sur l’intérêt de prendre en compte l’éclairage artificiel dans le calcul de l’enveloppe, est lié à l’idée de favoriser l’éclairement naturel. Cet argument aurait été pertinent si les valeurs considérées n’étaient pas conventionnelles 4 (pour le résidentiel), et si les logiciels permettaient réellement de considérer la luminosité des pièces d’un bâtiment, ce qui n’est pas le cas.
Cela n’empêche pas le dossier de présentation de la RT2012 d’avancer :
Il s’agit d’une innovation conceptuelle majeure de cette nouvelle réglementation thermique, sans équivalent en Europe : alors que la RT2005, le label BBC ou encore les labels Passiv’Haus ou Minergie fixent des exigences spécifiques sur l’isolation ou sur les besoins liés au seul chauffage, la Réglementation Thermique « Grenelle Environnement 2012 » appréhende, par un indicateur unique, la qualité intrinsèque de la conception du bâtiment. 5
On pourra s’interroger sur la nécessité de déprécier les démarches passive ou Minergie (qui s’appuient sur deux principes différents) 6 pour mettre en avant cette « innovation conceptuelle majeure », qui mériterait le temps de la réflexion : le Bbio est-il vraiment une avancée?
Si le calcul PHPP ne propose en effet pas de Bbio mais un besoin de chauffage 7, c’est parce que le Bbio n’apporte rien de plus 8. Un besoin de chauffage pour être faible implique un bâtiment bien orienté et une grande surface vitrée au sud. Et s’il n’est cependant pas interdit de faire autrement, cela devient contraignant par les surcoûts d’investissement générés.
On regrettera donc que sur cet aspect, le CSTB n’aille pas au bout. Le Bbio est une avancée par rapport au Ubat, mais il reste moins pertinent que le calcul du besoin de chauffage de la démarche passive. Ce, notamment du fait qu’il ne prend pas en compte la solution de ventilation choisie (qui impacte les déperditions de chaleur et le moyen de chauffage), et que l’addition du besoin d’éclairage et de plusieurs coefficients de calcul le rend beaucoup moins aisée à appréhender, particulièrement pour le grand public.
Suite du dossier : RT2012 : Une consommation d’énergie primaire à 50 kWh/m².a ? >
De plus, le besoin de chauffage considéré ne prend pas en compte le système de ventilation choisi mais dans tous les cas une VMC double flux avec récupération de chaleur de 50% hypothèse matériel pas nécessairement vraie.